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Photo du rédacteurValérie ANDRIA

CFLC : de la passion à l'entreprise

Dernière mise à jour : 22 juin 2023



Hanitriniaina R. est une femme entrepreneure et mère de deux enfants. Elle se trouve à la tête de deux entreprises : CFLC, un centre de formation en langue chinoise et Majesté Ankadifotsy, une boutique de prêt-à porter et accessoires pour les femmes. Voici le parcours professionnel d'une femme battante qui peut en inspirer des milliers d'autres.


1. Qui est Hanitriniaina R. ?

Hanitriniaina RANDRIANARIMALALA de mon vrai nom, je suis une mère de famille de 31 ans, mariée et mère de deux enfants (six ans et sept mois).

Je suis la PDG fondatrice de deux entreprises :

- Le Centre de Formation en Langue Chinoise (CFLC) où j'exerce aussi le métier de professeure de langue chinoise.

- Majesté, une boutique de vente d'accessoires de mode pour femme.

Parallèlement, je suis aussi co-fondatrice de H&M, une société qui se spécialise dans les services aux entrepreneurs étrangers, notamment les Chinois qui viennent s'installer à Madagascar. Nous proposons des services d'interprète, d'assistance à la création d'entreprise, d'organisation de voyage et aussi de gestion d'entreprise pour les entrepreneurs nomades.



2. Comment as-tu eu l’idée de créer tes deux entreprises ?

J'ai commencé à enseigner la catéchèse à l'église en 2006. À l'époque, j'enseignais surtout la Bible à des adultes. Je me sentais tellement petite devant cette audience majoritairement composée de grandes personnes, mais je me sentais à l'aise. Je ressentais une réelle fusion entre moi et mes "élèves". C'est une agréable sensation que je continue de ressentir à ce jour quand j'enseigne le mandarin au centre. Je savais déjà à l'époque que ce sera ma vocation.

J'étais encore à l'Université quand j'ai commencé à enseigner le mandarin dans un centre situé à Behoririka. Après mon diplôme universitaire, j'ai décidé de fonder mon propre centre d'études de la langue chinoise.

Le CFLC a ouvert ses portes en 2014 avec un capital net de 500 000 AR. Il fallait gérer ce budget pour la location du centre, l'achat du matériel et les charges. J'avais en tout 5 étudiants, mais cela ne me décourageait en rien.

Très jeune, j'ai aussi déjà été formé pour vendre tout et n'importe quoi, de toutes les manières possibles. J'ai déjà été vendeuse de clarinettes, de yaourt, de fruits et même de goûters à l'école. Mes parents étaient des artisans créateurs spécialisés dans les arts Malagasy. Je les aidais à créer de nouveaux design pour certaines de leurs produits. C'est de là que je tiens ma force de conviction qui est la base de la réussite de Majesté. Aujourd'hui, je peux facilement passer une heure à convaincre une cliente d'acheter un produit sans la fâcher. C'est un réel plaisir.



3. Est-ce que tu rencontres (ou as rencontré) des difficultés en tant que femme entrepreneure ? Lesquelles ?

L'entrepreneuriat est un domaine très complexe, quasiment fait d'obstacles de tout genre. Il m'arrive de broyer du noir et de ressentir une grosse fatigue (physique et mentale). Je débarque souvent en classe avec de gros cernes. Le centre CFLC a déjà fermé ses portes à trois reprises depuis ses neuf années d'existence. J'ai dû faire face à des problèmes financiers, gérer des soucis de santé et aussi endurer la fourberie de certains associés et collaborateurs. Mais je suis toujours debout et je suis prête à relever d'autres défis si nécessaire.



4. Comment tu concilies ton rôle de mère de famille avec tes deux entreprises ?

Concrètement, je suis une femme à trois têtes. Je dois avouer que certains jours, j'ai des préférences bien définies qui peuvent me donner l'apparence d'une personne égoïste. En revanche, j'apprécie à fond mon rôle de mère, de femme et de femme entrepreneure. Les membres de ma famille ainsi que mes proches savent très bien que lorsque je mets mon masque d'entrepreneure, c'est pour le travail et ils me laissent tranquille. Certains week-ends, je me permets d'emmener mon mari et mes enfants sur mes lieux de travail. C'est aussi encourageant d'avoir ceux que l'on aime près de soi et concilier plaisir et travail en même temps.



5. Est-ce que ton expérience en tant que mère de famille a influencé tes entreprises ?

Oui. Lorsque les enfants tombent malades, je manque systématiquement de sommeil et cela impacte directement sur mes cours du lendemain. Il arrive que je m'endorme durant les cours, surtout ceux qui débutent à six heures du matin. La plupart du temps, mes pensées vont aussi être occupées par les enfants et leur état maladif. En revanche, je remercie énormément mon mari qui reste toujours à mes côtés durant ces moments difficiles.



6. Peux-tu nous parler de ton ressenti en tant que femme dans tes secteurs d’activité ?

Être une femme entrepreneure est une grande fierté pour moi, notamment dans mon secteur d'activité. Je suis comme une sorte de seconde mère pour mes étudiants et mes collaborateurs. Ce qui me rend particulièrement heureuse, car je suis certainement la "mère" la plus "riche" de toutes, comptabilisant un nombre incalculable d'enfants...

D'un autre côté, j'aime aussi ce côté très "respectueux" des autres envers moi lorsque je me présente comme la femme entrepreneure que je suis. C'est surtout le cas lorsque je me retrouve avec d'autres entrepreneurs, essentiellement du sexe opposé. Les hommes respectent beaucoup les femmes qui arrivent à se mesurer à eux.



7. Quelles sont les réalisations dont tu es le plus fière depuis le lancement de tes business ?

Pour le moment, CFLC reste ma petite perle rare.



8. Comment les autres membres de ta famille réagissent par rapport à ton parcours professionnel ?

Mes parents m'ont toujours soutenu dans mes projets d'entrepreneuriat. Ils sont d'excellents conseils lorsque je fais face à des obstacles. J'ai beau grandir, ils sont toujours d'une grande aide dans chaque étape de mes réalisations professionnelles. Ma famille partage mes joies lorsque je monte sur des plateaux d'émissions TV ou lors de mes voyages à l'étranger. Ma belle-mère aussi est comme une seconde mère pour moi. Elle me porte toujours dans ses prières lorsque je traverse des moments difficiles. Ma famille partage tout avec moi, mes réussites comme mes failles.



9. Quels conseils peux-tu donner aux autres femmes qui cherchent à concilier vie de mère et d’entreprise ?

Être une mère de famille et une entrepreneure sont deux activités qui se complètent parfaitement. Il faut une bonne organisation et le soutien inconditionnel de sa famille pour réussir dans l'entrepreneuriat en tant que femme. Vous devez absolument vous rappeler que tout ce que vous faites aujourd'hui restera dans la mémoire de vos enfants. Les différentes générations qui vont se suivre devront surtout se rappeler la femme forte que vous avez été. Faites une activité qui vous permet de laisser de belles traces derrière vous. Bien évidemment, vous serez loin d'être la personne parfaite que vous souhaiteriez être. Cependant, vos faiblesses ne doivent plutôt pas vous empêcher d'avancer. Évitez aussi de penser qu'il y a des activités inaccessibles aux femmes. Vivez pleinement votre passion et donnez le meilleur de vous-même dans tout ce que vous entreprenez, parce que vous avez une seule chance de vivre sur Terre.



10. Comment vois-tu l’évolution de ta carrière d’entrepreneure dans les années à venir ?

Je continue toujours mon apprentissage du métier. Je poursuis mes études en management d'entreprise pour acquérir de nouvelles compétences et améliorer mon style managérial. De plus, dans le milieu de l'entrepreneuriat, il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre. Je ne prends rien pour acquis et je continue de me perfectionner, car je vise d'aller encore plus loin dans mon entreprise. Je ne me laisse pas facilement impressionner par les obstacles et je m'attends toujours à de belles opportunités qui se présentent.



11. Quels conseils donnerais-tu aux femmes qui souhaitent lancer leur propre entreprise ?

La femme peut exceller dans le domaine de l'entrepreneuriat. J'ai une certaine conviction que la femme possède un atout indéniable pour briller dans ce secteur, mieux que quiconque. Mon message est simple : Osez entreprendre, osez avancer et une fois le premier pas lancé, ne vous arrêtez surtout pas. Même si vous avancez à petit pas, ne vous arrêtez pas.


Bonne chance à tous !

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