Plongée dans mes rêves les plus fous la veille de la Saint-Valentin, je suis subitement réveillée par le bruit fracassant d'un chant hindou. À moitié endormie, je zigzague dans l'obscurité de ma chambre à la recherche de mon téléphone. Au premier coup d'œil jeté à travers ma fenêtre, encore bien refermée derrière ses beaux rideaux, ce n'était guère encore l'heure appropriée pour allumer la lumière.
Il est 3 h 30 à ma montre. C'est le matin, enfin presque. Sans faire du bruit, je rejoins ma fenêtre à moitié fermée. C'est très pratique pour rester au frais la nuit quand on vit dans un pays tropical où il fait 27° C même sous une pluie nocturne. La rue semble vide, mais le bruit se rapproche de plus en plus. Il était encore loin ce gros char qu'il faisait déjà autant de bruit. C'est normal, la nuit ici est très calme.
Ma "caméra" d'amateur braquée sur la rue d'en face, j'aperçois au loin les pèlerins qui avancent avec nonchalance. Quelques-uns marchent à pied, ils portent un grand char (kanwar) où la statue de la divinité Shiva trône impérialement. D'autres forment un petit groupe à l'arrière, comme pour assurer la relève au bout de quelques kilomètres de parcours. Le lac sacré de Ganga Talao qui se trouve à Grand-Bassin est encore loin. Derrière, deux ou trois voitures clôturent ce petit cercle familial. Ils ont pour rôle d'envoyer la musique bien à fond, non pas pour réveiller le voisinage, mais pour maintenir, surtout éveiller les pèlerins. J'imagine !
Les images sont floues. Ma caméra et moi avons une vision nocturne quelque peu déréglée. Le cortège passe, je retourne me coucher. À peine sur le lit, un autre bruit me fait de nouveau sursauter. Il est 6 heures du matin. C'est l'heure de se réveiller pour affronter une nouvelle journée. C'est aussi la Saint-Valentin, mais il semble que les hindous vont encore être plus occupés avec la Maha Shivaratri qui va durer, apparemment, encore quelques jours. Pendant que je prépare les enfants pour l'école, les défilés de pèlerins se succèdent dans la rue. Je n'ai plus le temps de prendre des vidéos. Je trouverai plus tard des informations sur internet !
Cela fait à peine 6 mois que je suis installée à Maurice. J'adore ce pays ! Pour ses paysages atypiques, ses magnifiques plages, sa cuisine goûteuse et épicée et ce mix culturel qui m'intrigue de plus en plus, cette petite île a tout pour plaire. Je me sens d'attaque pour partager toutes ces aventures avec vous à chaque occasion qui se présente.
La Maha Shivaratri (ou Mahashivaratree) est l'une des principales fêtes hindoues célébrées à l'île Maurice. Elle correspond à la célébration de la nouvelle lune, la phase lunaire où l'on remarque le moins d'étoiles dans le ciel. Cette période s'étend sur 10 jours, le temps que compte les croyants pour observer l'abstinence avant d'effectuer le pèlerinage au lac sacré de Ganga Talao. Les Mauriciens de confession hindoue viennent de toutes les régions de l'île pour cette célébration.
La Maha Shivaratri est une célébration dédiée au dieu Shiva, le dieu de la trinité qui représente la destruction. Le festival est teinté de nombreuses significations religieuses, mais aussi spirituelles. Certaines croyances avancent que Shiva a sauvé le monde de la destruction durant la nuit du Maha Shivaratri, c'est-à-dire durant la phase de la nouvelle lune. Cette célébration lui est spécialement dédiée en mémoire de son acte d'héroïsme.
Le long du chemin qui mène jusqu'à Grand Bassin, lieu de pèlerinage, des tentes sont érigées par d'autres fidèles et des bienfaiteurs pour offrir des breuvages et de la nourriture aux pèlerins. C'est un geste fort louable, car même les simples passants peuvent aussi y prendre part.
Selon les coutumes, les fidèles qui atteignent le lac Ganga Talao évoquent le dieu Shiva par leurs prières. Ils ramènent aussi de l'eau du lac pour les fidèles qui sont restés au village. L'eau du lac sacré apporte de la protection dans les foyers hindous. Ils en mettent souvent devant leur porte pour chasser les mauvais esprits. Le Shivalingam est, quant à lui, arrosé de lait, d'eau bénite ramenée du lac, de miel et de sucre.
Vous vous doutez bien que le temps me manque pour obtenir de beaux clichés de ce grand événement hindou. Mais cela ne saura tarder !
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