Le brede Malbare ou brède National mauricien me ramène à de lointains souvenirs de mon enfance. Je vous raconte.
Génération 90 et fière de l'être
J'appartiens à la génération 90. La belle génération, comme je me plais encore à le rappeler à mes enfants aujourd'hui. Je suis née dans une famille ordinaire. Nous n'étions pas riches, mais nous n'avons jamais manqué de rien non plus. J'ai passé mon enfance dans une maison familiale. C'était une grande maison où vivaient deux familles différentes : l'une avec 6 enfants et la nôtre avec 2. Il y avait assez d'espace pour vivre en harmonie dans cette grande maison qui appartenait à mon grand-père. Le vieil homme, d'une douceur de vivre incomparable, occupait, lui aussi, les lieux. Il y régnait en tant que maître.
Le potager de mon grand-père
Sur les terres de mon grand-père, un potager familial occupait une grande partie de la cour. Le terrain était fertile et on y trouvait toutes sortes de légumes : des carottes, des pommes de terre, des choux, de la salade, des tomates, du radis, de la betterave, des petits pois et des haricots verts. Je me souviens aussi d'un grand jardin potager où il y avait toujours des fruits à récolter : du raisin, des mangues, de la goyave et même des bananes. L'odeur agréable de ce grand jardin potager de mon grand-père a bercé une grande partie de mon enfance. Sans oublier ses petites volailles qui picotaient ici-et-là tout le long de la journée.
Les moments forts de mon enfance
Mon grand-père était une belle personne. Il respirait la gentillesse et la tendresse. Peu de chose l'irritait et le sourire de son visage le suivait partout où il allait, jusque dans son potager. Les seules fois où il se mettait en colère, c'était à cause de légumes mal arrosés ou de fruits laissées pourries sur les arbres. Personne n'avait le droit de pénétrer le potager de mon grand-père, à l'exception de ses serviteurs et de ses petits-enfants.
La chaleur d'un foyer aimant
Je passais sous la vigne du grand jardin quand il surgit pour me donner 3 ou 4 grappes bien touffues. Il nous grondait rarement quand il nous voyait ma sœur et moi, grimper le grand manguier pour cueillir quelques mangues à moitié mûre. Je me souviens même qu'une fois par semaine, il frappait à la fenêtre de notre appartement pour nous donner un grand panier de légumes bien frais. Cette partie de ma vie me manque vraiment. Mon grand-père aussi.
Le "tsikonona" des années 90
Derrière son adorable sourire, grand-père était aussi un homme strict et sévère. Petits, il nous initiait déjà à la prise de responsabilité, à l'indépendance et à l'autonomie. Il nous racontait de belles histoires à ses heures, mais il n'hésitait pas non plus à nous mettre à l'épreuve. En contrepartie des quelques légumes qu'on lui demandait pour le "tsikonona" (la dînette) des vacances, il nous demandait gentiment de désherber son potager.
Le brede Malbare mauricien sur les terres malgaches
Parmi les mauvaises herbes qui envahissaient le potager de mon grand-père, il y avait cette petite plante verte touffue à graines. Comme toutes les autres herbes que l'on enlevait à cœur joyeux du potager de grand-père, elle faisait aussi office de bredes consommables durant nos séances de jeux ordinaires. À l'époque, cette plante avait un nom : "ahi-dratsy", traduit littéralement "mauvaise herbe". Comme son nom l'indique, ce n'était pas comestible. D'ailleurs, personne ne mange de ce brede dans mon pays d'origine.
À ma grande surprise, je retrouve, pourtant, cette même plante sur les étalages du grand marché de Quatre Bornes, à l'île Maurice. Sur cette petite île tropicale de l'océan Indien qui se trouve à seulement 1 132 km de Madagascar. Ici, on l'appelle brede Malbare ou brede National et c'est parfaitement comestible.
Ma recette du brede Malbare au gésier de poulet
Dans une casserole, versez un peu d'huile de cuisson.
Ajoutez 1 gros oignon émincé et remuez jusqu'à obtenir un brun doré très foncé.
Ajoutez 1 ou 2 tomates pelées et découpées en dés, 1 gousse d'ail, un peu d'eau et laissez mijoter durant 2 minutes.
Incorporez les gésiers préalablement cuits à l'eau.
Assaisonnez (sel, poivre et épices au choix).
Ajoutez le brede Malbare auparavant lavé et ciselé.
Rectifiez l'assaisonnement au besoin.
Couvrez et laissez mijoter durant 2 à 3 minutes.
Le brede Malbare ou Brede National mauricien a bon goût. Il laisse un arrière-goût amer dans la bouche, mais c'est juste assez pour réchauffer le cœur. J'avais tellement hâte d'y goûter que j'ai fini par oublier de prendre ce plat atypique en photo. Je vous prie de m'excuser.
Mon verdict : ç'aurait vraiment été très agréable de connaître le goût du Brede Malbare un peu plus tôt ;)
À essayer !
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