La stérilité dans un couple se définit par l'incapacité des deux partenaires à concevoir un enfant au bout de 12 mois d'essai continu et sans relâche. Les statistiques dévoilent que 15 % des couples sont aujourd'hui concernés par un problème d'infertilité. Plusieurs causes peuvent être à l'origine de ce mal qui empêche bon nombre de couples de vivre heureux. Pour vous aider à décortiquer le sujet en profondeur, nous en avons discuté avec Dr Ndrado RAKOTOVAO.
1. Comment définir la stérilité dans un couple ?
La stérilité, c'est le fait de ne pas pouvoir avoir un enfant. En d'autres termes, c'est l'impossibilité autant pour une femme que pour un homme de procréer ou de concevoir un enfant naturellement.
2. Quelles sont les causes possibles de l'infertilité dans un couple ? L'âge en est-elle une ?
Plusieurs facteurs entraînent l'infertilité.
L'âge du couple : au-delà de 30 ans, une femme a déjà moins de chance de tomber enceinte. Entre 35 et 42 ans, la fertilité baisse de 50 % en raison d'une baisse de la quantité et de la qualité des ovules. De même pour la qualité des spermatozoïdes qui chute de 1 % chaque année.
Le facteur ovarien qui regroupe tous les cas où il y a une absence d'ovulation : ces cas sont généralement dus à des troubles hormonaux, soit par défaut, soit par excès de l'un des régulateurs de la fonction endocrine, dont le syndrome des ovaires polykistiques (SOPK), anovulation, insuffisance ovarienne ou ménopause précoce.
Le facteur utérin qui provoque la plupat du temps une infertilité et non pas une stérilité : ce sont principalement les altérations de l'anatomie interne de l'utérus qui peuvent être congénitales (malformation utérine) ou acquises (polype, myome, synéchie, endométrite). Ces anomalies utérines sont souvent à l'origine des fausses couches répétitives.
Le facteur tubaire qui regroupe toutes les anomalies des trompes de Fallope et qui gênent la rencontre de l'ovule et des spermatozoïdes : les trompes peuvent être imperméables, bouchées, infectées (salpingite) ou carrément inexistantes.
Le facteur cervical : autrement dit, une infertilité causée par l'altération anatomique et/ou fonctionnelle du col de l'utérus. La migration des spermatozoïdes vers l'utérus et les trompes de Fallope, dans leur tentative de s'approcher de l'ovule, est tout simplement impossible, parce que le col de l'utérus est devenue imperméable suite à des kystes ou des polypes.
Le facteur génétique qui est relativement rare : il se manifeste généralement par des fausses couches spontanées provoquées par des anomalies chromosomiques.
Néanmoins, les hommes ont aussi de fortes chances d'être à l'origine de l'infertilité d'un couple.
Le facteur génétique, dont la plupart sont associés à des anomalies du spermatozoïde.
Le facteur anatomique : les conduits par lesquels passe le sperme peuvent être obstrués et bloquer partiellement ou complètement la sortie du sperme. Certaines anomalies de ce genre peuvent être d'origine congénitale (la cryptorchidie) ou acquises (infections, cicatrices après une intervention chirurgicale au niveau du tractus urogénital).
Le facteur environnemental qui concerne notamment le style de vie de l'homme : certaines habitudes comportementales ou d'hygiène peuvent réduire la quantité et la qualité du sperme, comme l'addiction à l'alcool, au tabac et autres drogues.
Certaines maladies qui surviennent après la naissance peuvent aussi avoir une répercussion sur la stérilité masculine : infection par le virus de la parotidite (oreillon), dysfonctionnement hormonal, etc.
Dans certains cas, l'homme et la femme peuvent être stériles et avoir des difficultés à concevoir un enfant à cause d'une combinaison de plusieurs conditions à la fois. Néanmoins, il est aussi possible que la cause de l'infertilité soit immunologique ou génétique. Dans d'autres cas, les deux partenaires sont fertiles, mais ils ont besoin d'un coup de pouce pour concevoir un bébé. Par exemple, certaines femmes sont allergiques aux spermes de leur mari.
3. Quel est le signal d'alarme qui devrait orienter un couple vers une possible stérilité ?
Un couple qui a envie d'avoir un enfant doit avoir des rapports sexuels réguliers et non protégés, au moins 2 à 3 fois par semaine. Si les deux partenaires gardent le même rythme sur une période de 12 mois continue sans tomber enceinte, il est temps de consulter un gynécologue.
4. Quelle différence entre infertilité et stérilité ?
Ces deux termes évoquent l'impossibilité d'avoir un enfant. La seule différence, c'est que l'infertilité concerne l'incapacité des gamètes à féconder et la stérilité, l'insuffisance ou l'absence de production de gamètes. Pour informations, les gamètes sont les cellules sexuelles mâles (spermatozoïdes) et femelles (ovules).
5. Peut-on faire un examen de fertilité du couple à Madagascar ?
Il est tout à fait possible de faire un examen de fertilité à Madagascar. D'abord, en commençant par consulter un gynécologue pour chercher les causes probables de la stérilité à partir d'une enquête sur les antécédents personnels et familiales du couple, ainsi que leur mode de vie. C'est le gynécologue qui oriente ensuite le couple vers des examens paracliniques, c'est-à-dire des examens radiologiques et biologiques. Ces centres d'examens existent à Madagascar.
6. Qui doit faire les examens de fertilité dans un couple : l'homme ou la femme ?
Les deux, comme ils se le sont promis devant l'autel : "Ensemble, pour le meilleur et pour le pire".
7. Est-ce qu'il existe un traitement pour améliorer ou favoriser la fertilité dans un couple ?
Les traitements proposés par le médecin spécialisé dépendent essentiellement des causes de l'infertilité découvertes lors des investigations médicales. Ils s'adaptent généralement en fonction de certains paramètres, dont l'âge du couple, ses antécédents médicaux ainsi que le nombre d'années d'essai qu'il compte. Néanmoins, malgré le nombre important de traitements possibles, certaines causes sont irréversibles.
Chez l'homme, des médicaments ou une thérapie comportementale peuvent soigner certains troubles de l'éjaculation et promouvoir la fertilité d'un couple. Dans le cas où l'on dénombre un taux insuffisant de spermatozoïdes dans le sperme, le médecin peut prescrire un traitement à base d'hormones pour corriger ce problème. Une intervention chirurgicale est aussi envisageable, par exemple, pour corriger une varicocèle, une dilatation des veines du cordon spermatique qui se trouve dans les testicules.
Chez la femme, les troubles du cycle menstruel peuvent être résous grâce à des traitements hormonaux. L'ovulation peut aussi être stimulée par des traitements oraux comme le clomifène citrate (Clomid). Ce médicament est particulièrement efficace en cas de dérèglement hormonal parce qu'il agit sur l'hypophyse, une glande qui secrète les hormones responsables de l'ovulation. Plusieurs autres traitements à base d'hormones peuvent aussi être proposés en injection et selon le cas, afin de stimuler l'ovulation.
Dans certains cas rares, une opération chirurgicale peut s'avérer nécessaire. C'est le cas notamment lorsque les trompes de Fallope sont obstruées. Les cas d'endométriose sont, par ailleurs, traités par des médicaments qui stimulent une ovulation. Certaines conceptions sont aussi favorisées par une fécondation in vitro.
Les techniques de procréation médicalement assistée sont parfois nécessaires en cas d'infertilité. La plus connue est certainement la fécondation in vitro. Concrètement, les spermatozoïdes de l'homme sont placés en présence de l'ovule de la femme, en laboratoire, puis l'embryon est réimplanté dans l'utérus de la future mère.
8. Où aller pour parler d'infertilité à Madagascar ?
Madagascar compte plusieurs spécialistes en la matière, dont des gynécologues obstétriciens diplômés de grandes universités internationales. L'on dénombre aussi plusieurs cabinets de gynécologie, cliniques privés et autres hôpitaux publics dans notre pays. À l'issue d'une consultation, le médecin prescrit généralement une liste d'examens à réaliser, des diagnostics à faire et éventuellement des traitements à suivre.
Le service d'imagerie médicale permet, par exemple, d'exploiter les voies génitales.
Les laboratoires d'analyse permettent de réaliser un spermogramme (étude du sperme et des spermatozoïdes).
9. Est-ce qu'on peut prévenir l'infertilité ou la stérilité ?
C'est difficile à dire. Néanmoins, adopter une bonne hygiène de vie contribue pratiquement à améliorer la fertilité de l'homme et de la femme dans un couple. Autrement dit,
Éviter toute consommation excessive d'alcool, de tabac ou de café.
Éviter le surpoids.
Pratiquer une activité physique raisonnable et de façon régulière.
La fréquence optimale des rapports sexuels pour concevoir un enfant serait entre 2 et 3 fois par semaine. Toutefois, il ne faut pas non plus en abuser, au risque de détériorer la qualité du sperme.
Une consommation modérée d'acide gras peut aussi impacter sur la fertilité. Une surconsommation de ces types de graisses augmentent notamment le risque d'infertilité chez la femme.
Dans tous les cas et au moindre doute, il est toujours plus judicieux de consulter un médecin.
10. Quel conseil donneriez-vous aux couples qui souhaitent concevoir un enfant ?
La fertilité des couples mesure leur capacité biologique à mettre au monde un enfant vivant. L'infertilité correspond à l'absence ou à la baisse de cette potentialité à engendrer une descendance. Une infertilité ne signifie pas, pour autant, une incapacité définitive à avoir des enfants. La stérilité d'un couple se définit comme l'incapacité définitive à concevoir un enfant.
Les spécialistes conseillent aux couples de moins de 30 et 35 ans, n'ayant pas d'antécédents médicaux particuliers, d'attendre au moins d'avoir un an de rapports sexuels réguliers, sans méthodes contraceptives, avant de faire un bilan.
Si, par malheur, vous découvrez que vous êtes stérile ou infertile, soyez tolérant envers vous même. Il ne sert à rien de se remettre en question ou de se culpabiliser. Dites-vous aussi que vous n'êtes pas un cas isolé. Près d'un couple sur six connaît aujourd'hui des problèmes de stérilité. Posez toutes les questions qui vous passent par la tête à votre médecin afin de comprendre le moindre fonctionnement de l'organisme humain. En discuter avec un professionnel, c'est aussi une façon très efficace d'aborder le problème.
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